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Note d'intention

     Bonjour, je m'appelle Sarah, je suis étudiante aux Beaux Arts d’Avignon, et tout au long de mon cursus j’ai pu aborder plusieurs aspects de l’art contemporain. Depuis je structure mon rapport au monde à travers le langage de l’art. J'essaye d'exploiter le plus de champs artistiques possibles tels que le dessin d'espace, la photographie, la sculpture, l'art participatif et l'utilisation du numérique.
Mon travail actuel s’appuie sur l'évolution des différentes étapes des états des sculptures/installations que je créé. Je réalise des installations/sculptures, construites et pensées par rapport à des espaces choisis et qui part la suite vont se développer/évoluer différemment dans d'autres espaces. Pour ce faire j'ai mets en place des protocoles de réinstallation qui seront activés par un public. Grâce la mise en place de notices mon travail est constamment en évolution dans le temps.
Explication :
La première étape du travail, consiste à s’imprégner d’un lieu, que ce soit un espace naturel/artificiel, intérieur/extérieur etc... Pour ce faire, je réalise des photographies et des croquis me permettant de visualiser rapidement les formes d’organisation, les évolutions et les dynamiques de l’espace choisi. C’est une démarche intellectuelle : observation, sélection d’informations, représentation sur un espace donné. La photographie et le croquis contribuent ainsi à la formation de mon esprit critique, à l’expression de mes idées, mes analyses et à l’apprentissage d’un regard sur les choses.
La deuxième étape consiste à collecter des objets qui m’interpellent, que ce soit par leurs formes, leurs couleurs ou leurs matières, pour ensuite les assembler. Aux objets récupérés se mêlent des constructions faites à la main à partir de matériaux « pauvres », tels que du fils, chutes de contre-plaqué, carton ou papier, qui, grâce à leur ordonnancement presque archivistique, dessinent dans l’espace les lignes d’une composition en équilibre. Si je me réapproprie les objets, les détourne et les confronte, c’est pour susciter surprise et interrogation. En changeant notre rapport aux choses, les objets assemblés nous délivrent de nouvelles combinaisons, un nouveau message, une ambiguïté de l’usage. J’essaye de faire voler en éclats les stéréotypes et les codes qui les régissent. Mes travaux évoquent des compositions picturales par la subtilité des formes et des couleurs, jouent des mises en abyme à la façon des sculptures aux perspectives multiples. Je conçois des paysages de nature abstraite inspirés des toiles de miro/ kandvisky et des installations de sarah Sze et de Yuko Mohri qui malgré l’apparente absence de hiérarchie entre les éléments, parviennent à guider le regard et ainsi à créer une sorte de mouvement optique. Je précise que mes objets ne sont ni collés ni attachés ensemble, ils tiennent juste en équilibre les uns sur les autres. Donc si un objet vient à tomber, c’est un nouvel état de la création, une nouvelle forme. L’installation n’est pas fixe et est totalement modulable dans le temps et peuvent renaitre dans un autre lieu.
Ensuite, la troisième étape repose sur la création d’un inventaire écrit et photographique de chaque pièces où j’effectue un classement à travers différentes catégories, tel que les formes, les couleurs et les matières des objets. Ainsi, Cette phase, me permet d’effectuer un devoir de mémoire et garder un œil sur l’évolution du travail.
La quatrième étape consiste à réaliser en parallèle de l’inventaire, un protocole de réinstallation du travail. Il génère documents, photographies, plans de montages, et autres explications écrites permettant aux institutions de montrer l’installation dans un état souhaité. La mise en place du protocole par Daniel Spoerri en est un véritable exemple ; En effet c’est l’un des premiers à avoir documenté sa pratique du protocole, en laissant le soin à un tiers de réaliser des œuvres en son nom. En 1961, il autorise l’artiste et galeriste Addi Koepcke à réaliser en son nom des tableaux-pièges pour le Salon de mai danois. Mais aussi l’artiste Jana Sterbak avec l’œuvre « robe de viande » qui comporte un protocole avec une notice mise en ligne : « cette robe doit être confectionnée à chaque nouvelle présentation afin qu’il soit donné à voir le processus de vieillissement ». Ce protocole m’a permis d’intégrer une notice de réinstallation et ainsi de pouvoir faire évoluer mon installation afin de jouer du paramètre temporel selon des modalités différentes. Effectivement, je peux faire durer une installation pendant plusieurs mois ou seulement quelques jours sans intervenir dessus ou au contraire apporter une modification. Elles peuvent renaitre dans un autre lieu en étant totalement changées ou non. Elles sont totalement modulables et mouvante dans le temps.
 
Afin de déplacer le travail pour qu’il puisse évoluer, je me suis inspirée de la Boîte-en-valise de Marcel Duchamp, rassemblant les œuvres qu’il a réalisées depuis le début de sa carrière. Grâce à la richesse des objets qu’elle contient, cette édition est devenue une œuvre à part entière. J’ai donc construis des boites transportables munies de Flash code, plus ou moins grandes, selon les installations réalisées au préalable. On comprend que la boite n’est pas non seulement un objet de stockage et de déplacement, c’est également l'incarnation de la transition entre les formes "morte" et "vivante" de mon travail ; elle peut être vue comme le tombeau/cercueil ou comme un kit de sculpture mobile. Ce dispositif permet d’accepter que mon processus artistique fonctionne comme un assemblage, un système de montage. Déplier une installation, c’est lui redonner vie et la faire évoluer différemment, dans le temps et dans divers milieu. Ainsi ma boite est le cœur de cette évolution et devient une œuvre à part entière. Elle fait partie du processus d’activation de l’œuvre, elle est en un état.
 
En faisant appel au numérique (QR code sur la boite), je permets au spectateur d’intervenir en QR codant la boite et ainsi créer un déplacement physique. Il est alors actif et non plus passif. Placé au cœur du processus artistique, il est immergé dans un environnement où ses sens vont être stimulés. En effet, le flash code comporte une notice de réinstallation. Les intervenants sont donc amenés à participer à la mise en forme d’un nouvel état de l’installation en réutilisant les objets dans la boite puis à les remettre dedans et ainsi activer un cycle continu tant que l’imaginaire d’un acteur est prêt à l’éveiller, à lui donner forme, naissance. Le numérique étant omniprésent dans le monde actuel, me permet de maintenir l’acteur dans le présent en faisant faire des taches « habituelle » au spectateur, comme prendre une photographie via son smartphone, pour ensuite le faire plonger dans quelque chose de bien plus manuel, la mise en place de l’œuvre à l’aide de la notice numérisée. Ce jeu me permet de créer un contraste entre le numérique et le manuel permettant de mettre en avant une évolution plus singulière, l’évolution humaine. Ainsi, j’exploite plusieurs phases du mouvement et les différentes étapes des états de l’œuvre tout en sachant que l’installation n’est pas impérissable, indestructible et qu’elle est sujette aux chutes, aux mauvais traitements, au changement du QR code etc … Le temps qui passe aura forcément raison d’elle un jour.
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